0 5815
Seedling

Les herbicides constituent un outil important dans la régénération des terrains forestiers récoltés. Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au Canada, mais les idées fausses abondent à son sujet. Voici donc des réponses à certaines questions courantes sur le glyphosate.

 

Pourquoi utilise-t-on le glyphosate?

Au Canada, 100 % des terrains récoltés doivent être reboisés. La plupart des terrains récoltés au Québec et en Ontario se régénèrent naturellement. Les forestiers veillent à régénérer aussitôt les zones restantes – souvent par des méthodes non chimiques et, lorsque cela s’avère nécessaire, à l’aide d’herbicides comme le glyphosate.

Dans la mesure du possible, les forestiers repeuplent les terrains au moyen des mêmes essences qui étaient présentes avant la récolte. Toutefois, au début du processus de régénération dans certains secteurs, des espèces de plantes pionnières menacent de prendre la place des jeunes plants d’épinette et de pin et d’entraver leur croissance. Le glyphosate contrôle très efficacement ces espèces concurrentes afin que soit rétabli un couvert d’essences appropriées.

Quelle que soit la méthode de régénération utilisée dans un secteur donné, le processus est surveillé de près et hautement réglementé pour en garantir le succès[1].

 

Puisque certains secteurs sont régénérés sans herbicides, ces derniers sont-ils vraiment requis?

Dans les secteurs où la régénération est nécessaire, une norme précise est visée. On obtient des résultats variables selon la méthode de contrôle utilisée. On a souvent recours à la méthode mécanique dans le cas de la végétation arbustive, mais elle reste essentiellement inefficace contre la végétation herbacée concurrente. On a mis à l’essai de nombreuses autres méthodes : on a épandu du paillis, on a fait paître des animaux d’élevage et on a même développé un champignon indigène comme agent microbien de lutte biologique. Mais le fait est qu’aucune autre méthode n’est aussi efficace, fiable et rentable que les herbicides chimiques modernes[2].

Car à défaut de contrôler la végétation concurrente, on obtiendra une régénération réduite ou même nulle.

 

Le glyphosate est-il sûr?

Le glyphosate a fait les manchettes dans les derniers mois, et bien des gens se préoccupent, à raison, de ses effets. Les scientifiques et organismes de réglementation maintiennent toutefois que le glyphosate ne pose qu’un faible risque pour la santé humaine et l’environnement.

Selon le Service canadien des forêts (traduction du document publié en anglais seulement) :

Les effets potentiels d’un herbicide sur l’humain ou la faune sauvage dépendent de l’importance, de la durée, de la fréquence et de la voie d’exposition de l’agent. Tout comme certaines quantités d’alcool ou de caféine peuvent être consommées sans incidence notable ou mesurable, il existe pour l’humain ou la faune sauvage des degrés d’exposition aux herbicides pour lesquels nous ne pouvons ni observer ni mesurer d’incidence nuisible, directe ou indirecte.

  • Risque pour la santé publique : Le glyphosate fait l’objet d’une réglementation stricte par Santé Canada afin d’éviter les risques pour la santé publique. Les herbicides contenant du glyphosate subissent des tests parmi les plus rigoureux qui soient au monde, et des décennies d’analyses toxicologiques approfondies ont démontré que le glyphosate ne causait ni cancer, ni anomalies congénitales, ni effets mutagènes ou réactions allergiques lorsqu’il était utilisé de la façon recommandée. Ce sont les conclusions tant de Santé Canada que de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), organisme de Santé Canada, examine régulièrement les études publiées et évaluations des risques pour déterminer le niveau de risque auquel le public est exposé.

Le Centre international de recherche sur le cancer, organisme de l’OMS, a classé le glyphosate « probablement cancérogène pour les humains », soit sous la même catégorie (2A) que le soleil, l’aloès, le téléphone cellulaire, le café et le métier de coiffeur pour hommes.

Santé Canada a publié l’énoncé qui suit dans le cadre de sa décision de réévaluation concernant le glyphosate datée du 13 avril 2015 :

« Le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé a récemment rangé le glyphosate dans la classe des dangers jugés « probablement cancérogènes pour les humains ». Il importe de noter que le classement des dangers ne consiste pas en une évaluation des risques pour la santé. Le degré d’exposition chez l’humain, qui détermine le risque réel, n’a pas été pris en compte par le Centre international de recherche sur le cancer. Les pesticides sont homologués pour une utilisation au Canada seulement si la dose à laquelle est exposée la population canadienne ne cause aucun effet nocif, y compris le cancer. »

Dans sa plus récente réévaluation des herbicides à base de glyphosate, Santé Canada conclut que « les produits contenant du glyphosate ne présentent pas de risques inacceptables pour la santé humaine ou l’environnement lorsqu’ils sont utilisés conformément aux modes d’emploi proposur les étiquettes des produits. »

  • Risque pour les travailleurs : Selon les évaluations des risques réglementaires menées par l’ARLA et plusieurs autres examens dans le monde, l’usage d’herbicides à base de glyphosate conformément aux instructions sur les étiquettes des produits ne présente pas de risque important pour les personnes qui les appliquent ni pour quiconque y serait exposé par inadvertance.
  • Risque pour l’environnement : De nombreuses études sur le terrain au sujet du glyphosate ont été entreprises au sein de l’écosystème forestier canadien. Les conclusions ont permis de mieux comprendre, en définitive, ce que le glyphosate ne fait PAS :
  • Il ne s’accumule PAS dans le sol, la végétation ni l’eau, et possède un très faible potentiel d’infiltration dans les eaux souterraines.
  • Il ne s’accumule PAS dans les tissus animaux et n’empoisonne ni oiseaux, poissons, invertébrés aquatiques, petits ou grands mammifères ni amphibiens.
  • Il ne tue PAS tous les autres végétaux pour créer une plantation forestière d’une seule essence.
  • Enfin, il ne cause PAS de réduction des populations microbiennes du sol et n’entrave pas leur fonction de manière importante3. En fait, certaines études recommandent l’usage de glyphosate afin de maintenir le couvert de conifères nécessaire pour favoriser la présence du caribou forestier (espèce menacée) plutôt que l’orignal dans certains secteurs4.

Résolu reste sans cesse à l’affût des faits nouveaux et des recherches sur la sécurité du glyphosate.

 

Quel est le mode d’action du glyphosate?

Le glyphosate a une incidence sur la synthèse de certains acides aminés, un processus métabolique que l’on ne retrouve que chez les plantes et quelques microorganismes.

 

Comment épand-on les herbicides comme le glyphosate?

Dans les forêts canadiennes, on épand habituellement les herbicides par voie aérienne. L’épandage vise quelque 200 hectares par jour et en règle générale, les superficies visées sont très éloignées. Non seulement l’épandage aérien de ces produits est-il économique, mais il est préférable à l’envoi d’équipes sur place, qui pourraient perturber un secteur en pleine régénération. Des systèmes à la fine pointe de la technologie assurent quant à eux la précision de l’épandage et réduisent au minimum les risques de dérive à l’extérieur des zones ciblées. On veille, au moyen d’exigences législatives et de systèmes de guidage, à ce que les plans d’eau situés à côté des zones traitées par voie aérienne soient protégés par du bois sur pied servant de tampon. En Ontario, Résolu a recours exclusivement à des hélicoptères, qui offrent un meilleur contrôle sur les zones traitées que les avions à voilure fixe, de même que de la précision dans des zones plus exiguës.

L’épandage n’a généralement lieu qu’une seule fois, d’habitude au cours des cinq premières années suivant la récolte, avant ou après la plantation des semis. On n’a recours à l’épandage que lorsqu’il est nécessaire, et seuls des herbicides autorisés sont appliqués par des spécialistes qualifiés et expérimentés.

Diverses mesures sont prises pour atténuer les effets des herbicides, par exemple :

  • Formation approfondie et accréditation des professionnels responsables de l’épandage aérien.
  • Technologies d’épandage modernes, telles que buses limitant la dérive, systèmes de guidage électronique et exigences législatives quant à des zones-tampons visant la protection des écosystèmes aquatiques.

Des études ont démontré qu’il est très peu probable que des dépôts de glyphosate importants sur le plan toxicologique se forment au-delà de 30 à 50 mètres des limites de la zone cible, ce qui confirme la valeur de protection imposée à 60 à 120 mètres pour les zones-tampons.

 

Quelle quantité de glyphosate Résolu utilise-t-elle sur les terrains qu’elle gère?

Résolu exerce ses activités au Québec et en Ontario, deux provinces canadiennes dont la réglementation forestière et les pratiques d’aménagement forestier diffèrent.

Au Québec, une interdiction provinciale visant tous les herbicides chimiques dans les forêts est en vigueur depuis 2001. On a rapporté des conséquences sur la régénération forestière. Une étude menée en 2015 par le Bureau du forestier en chef du Québec indiquait que dans certains secteurs, le peuplement de plus de la moitié des zones reboisées n’avait pas atteint la densité requise après quelques années de concurrence[3].

En Ontario, près d’un tiers des superficies récoltées sont traitées au glyphosate – seulement quand la régénération naturelle est impossible et que les techniques de reforestation non chimiques se sont avérées infructueuses. Cela représente environ 70 000 hectares annuellement, ou 0,28 % de tous les terrains forestiers productifs de la province.

La quantité de glyphosate généralement utilisée en foresterie au Canada est de 0,7 à 2,16 kilogrammes par hectare. Par comparaison, on observe un risque pour la croissance des oiseaux à 6,2 kilogrammes par hectare, et un risque pour la croissance et la reproduction des mammifères terrestres à 9 kilogrammes par hectare, dans le cas d’un petit mammifère tel qu’une souris. Les forestiers canadiens se servent de doses considérablement plus petites que celles qui poseraient même un faible risque à la faune sauvage[4].

Contrairement à l’agriculture ou à l’aménagement paysager urbain qui utilisent régulièrement les herbicides, le glyphosate pourrait ne servir qu’une fois ou deux au cours du cycle de vie d’un peuplement forestier (seulement aux premiers stades).

 

Pourquoi les herbicides sont-ils interdits au Québec?

La décision d’interdire les pesticides ne se fonde pas uniquement sur les données scientifiques. Certains territoires les interdisent et d’autres non, bien qu’ils aient tous accès à la même information scientifique. Le Québec a pour sa part choisi d’interdire tous les pesticides chimiques en foresterie (y compris pour le contrôle des insectes), mais la plupart des autres provinces canadiennes, dont l’Ontario, la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick utilisent les herbicides (tous particulièrement le glyphosate) pour assurer la régénération efficace et efficiente des forêts, ce qui contribue, par ricochet, à l’aménagement durable des forêts dans son ensemble.  

L’aménagement durable des forêts signifie créer des conditions forestières qui soutiennent les valeurs ligneuses et non ligneuses pour l’avenir. Les herbicides représentent un outil de la boîte à outils des forestiers destinée à atteindre cet objectif.


[1] Ressources naturelles Canada. Forêt boréale. https://www.rncan.gc.ca/forets/boreale/13072

[2] Service canadien des forêts. Frequently Asked Questions on the use of Herbicides in Canadian Forestry. http://cfs.nrcan.gc.ca/pubwarehouse/pdfs/32344.pdf (publié en anglais seulement)

[3] Bureau du forestier en chef. 2015. Succès des plantations. Avis du forestier en chef. FEC-AVIS-04-2015, Roberval, Québec, 22 p. + annexes. http://forestierenchef.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2015/12/fec-avis-04-2015.pdf

[4] Webinaire du Service canadien des forêts

PAS DE COMMENTAIRE

Laisser une réponse